Ainsi, à titre d’exemple, dans l’Eure, dès lors qu’une équipe enseignante à l’intention de proposer à une famille de constituer un dossier MDPH, elle doit au préalable solliciter le pôle ressource qui va venir vérifier dans la classe et auprès des enseignants que la demande est pertinente, mais aussi que tout a été mis en place par l’enseignant pour pallier les difficultés rencontrées par l’enfant. Sur la base de quelles compétences ces pôles ressources peuventils émettre cet avis ? Quel est l’intérêt d’un tel contrôle lorsqu’un élève est suivi par le RASED et que l’ensemble de l’équipe éducative (école et famille) s’accorde à dire que la constitution d’un dossier MDPH peut être nécessaire ? Dans d’autres départements, c’est la référence même au RASED qui disparait dans les circulaires départementales, au profit des « pôles ressources » !

Rappelons que le pôle ressources est piloté par chaque IEN de circonscription. Il peut être amené à regrouper tous les personnels que l’IEN souhaite solliciter et fédérer pour répondre aux demandes d’aides émanant d’un enseignant ou d’une école : outre le RASED qui n’est plus qu’une composante de celui-ci, on y retrouve aussi des conseillers pédagogiques, maîtres formateurs, animateurs TICE, référents handicap, coordonnateurs PIAL, enseignants itinérants ayant une mission spécifique, EMAS… Le renforcement des pôles ressources répond directement au rapport IGESR (inspection générale de l’éducation du sport et de la recherche) sur les RASED en 2021 à propos de l’organisation, du fonctionnement et de l’évaluation des effets des RASED.

Dans le cadre de la politique ministérielle d’accompagnement PPCR des personnels à tous les niveaux, ce rapport préconise de renforcer les pôles ressources et de modifier les modalités d’intervention des personnels des réseaux en les transformant en conseillers experts de la difficulté scolaire auprès des enseignants en lieu et place de la prise en charge des élèves…

Le ministre souhaite que l’école devienne son propre recours : chaque enseignant est appelé à gérer toutes les situations de plus en plus ingérables au sein de sa classe. Les RASED, membres du pôle ressources parmi d’autres, sont ainsi réduits à n’être que de simples pourvoyeurs de conseils et protocoles chargés d’accompagner et de former leurs pairs, uniquement via la co-intervention.

De plus en plus, les IEN recourent aux EMAS (Equipes Mobiles d’Appui à la Scolarisation) en lieu et place des RASED. Ces EMAS sont constituées de personnels d’établissements médicosociaux restructurés pour s’adapter à de nouvelles missions de conseils et d’accompagnement des personnels dans les établissements scolaires, sans jamais prendre en charge les élèves ! Leur recours est permis par l’article 25 de la loi « pour une école de la confiance » créant les PIAL qui précise que ceux-ci « constituent des pôles ressources à destination de la communauté éducative ; ils associent à cet effet des professionnels de santé et les gestionnaires des établissements et services médico-sociaux ».Le SNUDIFO n’accepte pas cette politique de destruction de l’enseignement spécialisé et de culpabilisation des personnels !

Attaché aux spécificités de fonctionnement des RASED, le SNUDIFO revendique :
le maintien de leurs missions auprès des élèves
le rétablissement de tous les postes supprimés depuis 2007 et la création des postes nécessaires au déploiement de RASED complets (PsyEN, ESADP, ESADR) pour 800 élèves qui est d’autant plus urgent pour les élèves depuis le 1er confinement.